LES DIFFERENTS TYPES DE COIFFES MODERNES (1905 à nos jours)
(Coiffes Collections Michel Bolzer et JLouis Guégaden - Photographies Maryse Prou et JLouis Guégaden)
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| 1905 | Source : Planche de Georges Geo Fourrier.
Descriptif : C'est l'apparition de la coiffe moderne, qui prend son essor quand le dalet plat laisse la place au dalet vertical. La coiffe de deuil est toujours jaune-safran avec jours.
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| 1914 | Source : Collective et orale. Cette date revêt un caractère spécial. En effet, c'est à partir de 1914 jusqu'aux années 1920 / 1922 que les coiffes de deuil, alors couleur jaune-safran, ont laissé place progressivement à des coiffes de deuil blanches.
A toute règle il y a exception. C'est ainsi qu'à Penmarc'h, les veuves de la catastrophe de mai 1925 ont porté des coiffes de deuil jaunes. Pourquoi ? Parce que la demande était importante et les coiffes jaunes plus rapides à fabriquer ? Parce qu'elles étaient meilleur marché que les |
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| blanches pour des femmes qui présageaient des lendemains difficiles ? Parce qu'elles avaient la volonté de se mortifier davantage avec des coiffes plus austères ? Peut être un peu de tout cela au bout du compte... Enfin, les deux années suivantes, les filles des victimes ont fait leur communion, elles aussi, en coiffes de deuil jaune.
Descriptif : Le tissus-support des broderies est passé de la grossière toile de lin ou de coton jaune à de la fine mousseline blanche. Les motifs restent identiques à ceux de la coiffe de deuil jaune mais cette fois, sans jours. |
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| © Pouillot-Ehanno |
| 1922 A 1955 | Rappelons que pour nombre de Bigoudènes, sortir sans sans une quelconque coiffe (décoiffée) était impensable, voire un déshonneur. Plusieurs d'entre elles ont affirmé qu'elles se sentaient comme nues sans leur coiffe...
Il existe donc plusieurs types de coiffes, chacune adaptée aux grands moments de la vie. On peut dire qu'il existait 3 types de coiffes Bigoudènes Modernes (après 1920-1922) :
- La coiffe de tous les jours
- La coiffe de cérémonie
- La coiffe de deuil.
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Ajoutons un autre type, même si il a été moins usité :
Ces coiffes étaient autant de codes vestimentaires que tout Bigouden connaissait. Voici de quoi vous aider à y voir plus clair...
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COIFFES DE TOUS LES JOURS
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| | Vouloutenn (Velours) |
| La coiffe de tous les jours pouvait se manifester selon plusieurs formes.
Le plus simple était le Vouloutenn (velours) qui consistait à enrouler un ruban de velours noir autour du peigne derrière lequel on dissimulait le "chignon". Ce vouloutenn surmonte le koëf bléo (bonnet à cheveux) et sert de support à la coiffe. Le Vouloutenn était surtout utilisé comme coiffe de travail et donc par extension, comme coiffe de tous les jours.
L'immense majorité des Bigoudènes ne vivaient pas dans l'aisance. Elles n'avaient pas les moyens de se payer des coiffes de tous les jours en nombre. D'autant plus que le lavage / amidonnage ne pouvait s'effectuer toute l'année. Ainsi toutes ces femmes portaient des coiffes de deuil défraîchies, moins fragiles, pour le travail de tous les jours.
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| | | Coiffe de "coquette" |
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Certaine femmes, plus coquettes que les autres (et/ou plus fortunées) portaient tous les jours des coiffes ouvragées, sans jours dans la broderie. C'était aussi le cas des riches commerçantes ou riches paysannes qui ne pouvaient décemment pas accueillir leur clientèle ou leurs invités coiffée comme une paour-kaezh !(Une malheureuse).
On pouvait aussi trouver des femmes portant en guise de coiffes de tous les jours, des coiffes de cérémonie trop défraîchies pour être encore portées les jours de fête. Ainsi, certaines femmes de propriétaires terriens, distribuaient aux femmes de leurs métayer ou de leurs fermiers, les coiffes défraîchies ou passées de mode dont elles ne voulaient plus. Après un temps d'utilisation, ces femmes cédaient le moment venu ces coiffes à leur toutes jeunes filles. Il n'était pas rare de rencontrer des gamines allant pied nus, la goutte au nez et portant coiffe superbement ouvragée. |
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La coiffe de Cérémonie ainsi que les lacets étaient richement brodées. Les coiffes en organdi ou en mousseline étaient brodées selon la technique des jours* : Ces jours sont la caractéristique de ce type de coiffes.
Les femmes de petites conditions se contentaient bien souvent d'une seule coiffe de Cérémonie. Le reste du temps, elles utilisaient leur vouloutenn ou une coiffe de deuil usagée comme coiffe de tous les jours.
(* Les jours sont des découpages qui font que la coiffe semble plus aérienne) |
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Les choses se compliquent un peu....
Une femme portait le deuil lors du décès d'un parent proche et non uniquement lors du décès de son mari. Il est donc faux de parler de coiffe de veuve, comme on peut parfois l'entendre...
Lors des fêtes, les femmes portaient leurs coiffes de cérémonie, ajourées et richement brodées. La femme en deuil n'était pas pour autant coupée de la société ni de ses rassemblement festifs, tels mariages, baptêmes, pardons... Mais l'endeuillée se distinguait à coup sûr des autres ce jour là, car elle portait une coiffe de deuil.
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| Le port de cette coiffe spécifique signifiait à tous qu'elle ne participait pas à la liesse et qu'il fallait respecter son deuil. Un deuil qui durait généralement un an, mais qui pouvait durer bien plus, à l'instar de certaines veuves qui décidaient de garder le deuil de l'être aimé jusqu'à la fin de leurs jours...
La femme en deuil portait tous les jours une coiffe de deuil défraîchie ou simplement son austère vouloutenn, plus pratique pour travailler aux champs ou à l'usine fritur'.
Comme déjà dit auparavant, les coiffes de deuil défraîchies étaient également utilisées par toutes les femmes comme coiffes de tous les jours pour le travail notamment : Il n'était pas possible alors, sinon dans leur attitude, de savoir qui était en véritablement deuil ou non.
Pour finir, les vieilles femmes ne portaient tous les jours, que des coiffes de deuil, moins fragiles et plus discrètes : On peut dire que la coiffe de deuil était aussi la parure des femmes âgées.
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Comme déjà dit auparavant, cette coiffe affichait une symbolique connue de tous, brodée sans jours : Une première séparation en bas avec motifs de planètes (3). Puis une seconde séparation à 3 motifs identiques (2) , puis au dessus encore (1) quatre motifs toujours identiques entourant un même motif central. Les lacets étaient en percale dite "à dents" (un genre de crantage) et dépourvus de broderies.
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| Coiffe jaune de 9 cm |
| | Coiffe de 32cm |
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On distingue bien ici la différence entre coiffe de deuil jaune et coiffe de deuil blanche. Hormis la couleur et le tissus, la coiffe jaune comporte des jours, pas la coiffe de deuil blanche. Sinon, les structures (1) et (2) sont identiques. La bande inférieure (3) est apparue sur la coiffe de deuil moderne du fait de son élévation qui allait croissante et afin de conserver des proportions harmonieuses des parties (1) et (2). |
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| La coiffe de demi-deuil était portée à l'issue de la période de deuil. Comme pour le deuil, le demi-deuil ne se manifestait que lors des cérémonies par le truchement d'une coiffe à l'aspect différent. Elle fut peu portée...
Comme la coiffe de deuil, la coiffe de demi-deuil était brodée sans jours, mais avec plus d'ostentation et sans la symbolique de la coiffe de deuil, les planètes pouvant être, par exemple, remplacées par des fleurs de pâquerettes. La ligne de séparation était conservée. Les lacets perdaient leur caractère austère pour se parer de sobres broderies.
La durée du demi-deuil était généralement d'un an. Après cette période, la coiffe de demi-deuil laissait place à la coiffe de cérémonie pour les évènements festifs. La vie reprenait son "cours normal".
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PARTICULARITE : LA COIFFE DE 1940-1945
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| Lors de la seconde guerre mondiale et hors jour de fêtes, le vouloutenn était porté comme toujours...
Les tissus tels l'organdi et la mousseline vinrent à manquer, comme le reste. Dieu merci, il restait encore du fil que les femmes eurent tôt fait d'utiliser pour confectionner du filet fin. Ce support leur servit comme support de broderie afin de continuer à fabriquer des coiffes de cérémonie. Les lacets étaient confectionnés de la même manière ou bien étaient faits d'assemblages de broderies récupérées (les lacets de la coiffe photographiée sont faits d'embrasses de rideaux de récupération !)
Sans avoir la beauté des coiffes en organdi ou en mousseline, ces coiffes avaient quand même de l'allure et permettaient de ménager les apparences.
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QUELQUES DATES REMARQUABLES :
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| 1955
On estime que c'est environ à cette date que la taille de la coiffe Bigoudène, qui mesurait alors environ 37 centimètres, a cessé de croître. Pourquoi cela ?
Le temps passé à la monter, chaque matin, n'était plus adapté à la vie active. De plus, la taille de cette coiffe était devenue peu pratique au regard du travail et des transports. Sa fragilité, son entretien et son coût étaient importants. Enfin, une grande partie de la population considérait ces Bigoudènes comme des représentantes d'un temps arriéré qui faisaient honte au Pays Bigouden en s'accrochant à des coutumes d'un autre temps : Ces coiffes faisaient obstacle à la reconnaissance et au besoin de modernité de toute une région...
En un mot cette coiffe commence à s'éteindre, victime de la modernité...
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| © Jack |
| 1993
Le dimanche 11 Juin 1993 à Pont l'Abbé fut la date du grand rassemblement des (dernières) Bigoudènes. Quelques 500 Bigoudènes ont répondu à l'appel. Cette photo a été prise pendant la messe donnée en Notre Dame des Carmes.
2011
Maria Le Maréchal dite Maria Lambourg est la dernière Bigoudène à porter sa coiffe tous les jours. Née en 1911, elle aura 100 ans cette année.
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